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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 10:02

L’émotion fut trop forte, pas besoin de me dire qui était là. Depuis le temps que j’attendais. Je ne pu retenir mes larmes. Voyant ma réaction, Marion rajouta ;

« non ne pleure pas, ta sœur et ton beau frère son là, ils attendent dans le couloir, je vais les chercher »

Elle quitte la chambre, mais pas sans m’avoir fait un dernier rappel, sur le fait que je devais manger mon déjeuner.

Le moment ou ils entrent dans ma chambre restera pour moi, un instant inoubliable, gravé à jamais dans ma mémoire. Ma sœur se jette sur moi, me prends dans ses bras, me serre très fort. J’en fais de même, et bien sur, nous vidons toutes les larmes de notre corps, ou en tout cas, une grosse partie. A cette époque, le beau frère était surnommé « l’ours » par ceux qui ne le connaissaient pas complètement, tellement il pouvait paraître distant avec les gens, je sais maintenant, que c’était pour lui un moyen de se protéger des autres, mais lorsqu’on perçait cette protection, on pouvait l’apprécier à sa juste valeur. Il se tendait donc un peu en retrait, et pour mettre fin à nos effusions avec ma sœur il dit ;

«  Bon vous allez pas pleurer toute la matinée ! »

Il se penche vers moi et m’embrasse.

Ils avaient roulés de nuit pour être là assez tôt, pour passer un maximum de temps avec moi. Je voyais bien la fatigue sur leurs visages, mais  ils eurent la délicatesse de ne rien laisser paraître. On discuta de choses et d’autres, de tout et de rien, avec toujours des mots pour me faire rire, et me faire oublier que j’étais sur un lit d’hôpital. J’étais très heureuse de les voire, et cela me faisait un bien fou.

La matinée passe agréablement on discute de tout et on rit surtout. Un pur moment de détente. L’heure du repas approche, Claudine, ma sœur, se propose d’aller  se chercher un repas de façon à manger tous les trois ensemble. Avec un sourire je lui signifie mon accord, mais tout en pensant que ça va être encore un moment difficile pour moi, car j’ai toujours autant de mal à manger normalement. En attendant, on m’apporte mon plateau repas. Un coup d’œil rapide, et déjà ça ne me paraît pas terrible, pas beaucoup d’envie à manger ce qui se présente devant moi. Je gagne du temps en attendant le retour de Claudine et Patrick mon beau frère.

Les voilà de retour, l’épreuve va commencer. De suite Patrick avec sa façon à lui, tout en douceur,  commence à m’inciter à manger. Dès la première cuillérée en bouche, je ne peux pas l’avaler, j’ai des hauts de cœur, c’est tellement fort que j’en ai les larmes qui montent aux yeux, et Claudine prévenante, toujours prête à aider, qui voit ma peine à avaler, sent bien qu’il risque d’y avoir des dégâts sous peu, me conseille de boire un verre d’eau et de laisser le repas. Patrick s’approche de moi, calmement, il me demande qu’est ce qu’il me ferai plaisir. Je ne sais pas quoi lui répondre, étant donné que je n’ai plus goût à rien, rien ne me faisait envie.

Claudine sort de la chambre, un instant après elle revient avec une coupe de salade de fruit. Claudine, c’est ma sœur aînée, et les aléas de la vie, ont fais que très tôt et très jeune, elle s’est retrouvée à faire face à des responsabilités d’adulte, donc il lui en faut un peu plus pour la déstabilisé. Elle était allée voire Marion pour lui demander cette salade de fruit. Avec Patrick ils essayent de me la faire manger.

La fraîcheur et le goût sucré me sont agréable et, cueillere après cueillere,  avec la motivation que me chuchote à l’oreille Patrick, toute la salade y passe. Je dois dire, que Patrick savait très bien s’y prendre pour trouver les mots, pour me motiver, ou bien pour me redonner du courage dans toutes circonstances. A la fin de ce petit repas, ils me proposent un café. A ce moment, d’être là avec eux deux, buvant un café était un instant simple, mais pour moi un grand moment de bonheur, et pour rien au monde je n’aurai voulu qu’il se termine. En leur compagnie, tout s’apaise, bien des choses me paraissent plus simple, ils m’aident,  m’encouragent à surmonter mes épreuves. Ils sont en osmose. Claudine, elle c’est l’action, je peux lui demander quelque chose ; un service, elle fera tout pour me le rendre, et si elle ne peut pas, elle s’arrangera pour trouver quelqu’un, même si elle n’est pas physiquement présente, quelqu’un pour me le rendre. Patrick, lui, c’est les mots, il sait dire les mots qu’il faut pour m’encourager, me réconforter. Sa différence ! C’est qu’il a sa façon de dire les choses, il sait m’encourager, sans que ça soit avec une pitié affichée. Il est sincère, mais direct aussi, il parle vrai, sans tourner autour du pot.

Depuis quelques temps déjà, j’avais envie de raconter mon histoire, mais je ne savais pas trop comment faire et comment m’y prendre, alors une fois de plus il y est allé de ses conseils. Aujourd’hui, je lui envois mon récit, il travaille dessus, trouve les mots qu’il faut pour décrire parfaitement mon ressenti de ces moments difficiles, et me renvoi le résultat pour que je le valide.

A cet instant, ils ne se rendent pas compte du bien qu’ils me font, sans rien attendre en retour, ils donnent, ils donnent.

C’est pour ça que je les aime.

Marion passe dans la chambre, elle vient me dire au revoir, son service est terminé. Elle me prévient que je ne la revois que le lendemain soir. Claudine en profite pour suivre Marion afin d’obtenir un peu plus de renseignements sur mes soins futurs et notamment sur l’intervention du mardi prochain. Pendant ce temps nous discutons avec Patrick, disons qu’il m’occupe plutôt l’esprit en me faisant parler.

Claudine revient, et me fait part du compte rendu de son entretien avec Marion.

Mardi matin, je vais être réopérée de ma jambe gauche, ils me feront un curetage et ensuite je serai replâtrée.

« Tu sais pourquoi, me demande t-elle ?

« Oui et non, que je lui réponds «

Elle m’explique que suite à l’infection que j’ai au tibia, la fracture c’est mal consolidée. Les médecins vont nettoyer, faire une greffe d’os et plâtrer pour que la jambe reste bien droite.

En l’écoutant parler, un désespoir immense me rempli, j’avais l’impression de tout reprendre à zéro. Alors les larmes se sont misent à couler à flot. Claudine  me prend dans ses bras et tente de me réconforter un peu. Bien qu’ils soient à des centaines de kilomètres de là, elle m’assure qu’ils seront là pour m’aider à faire face à cette nouvelle épreuve. Patrick, confirme, et dans son habitude, avar de mots inutiles, il ajoute simplement «  on est là, essuie tes larmes ». Ces quelques mots, très brefs, ne sont vraiment pas grand-chose, mais venant de sa part, ils ont toute leur importance, c’est pour lui une façon de s’engager, et je pourrai compter sur eux.

C’est l’heure du goûter, on me sert une compote et un café. Patrick attrape la compote et me la fais manger sans aucun soucis, ça passe tout seul, et puis il demande à Claudine, d’aller leur chercher un café, après tout il n’y avait pas de raison qu’ils ne m’accompagne pas ! Ca détend un peu l’atmosphère et on rigole.

Mais plus le temps passait, et plus je voyais le moment de leur départ approcher. Je ne le montrais pas, en tout cas, ils ne disaient rien, mais je redoutais cet instant tellement j’étais bien avec eux. Comme à chaque fois, on aimerait que ces instants ne s’arrête jamais. Mais hélas, le temps passe inexorablement, et le moment cruciale arrive. Vingt heure, leur de la séparation a sonnée, ils doivent repartir et reprendre le chemin du retour. De longues heures à passer sur la route. Une tendre étreinte avec chacun d’eux, les yeux mouillés de chacun, et ils quittent la chambre. Voilà un pur moment de bonheur qui se termine.

A ce moment,  sans eux, ma chambre me paraît être encore plus grande, je me sens toute petite, vulnérable, inquiète, bref je me sens seule, mais pour m’aider à combattre  cette instant désespoir, je garde au fond de moi l’espérance de pouvoir un jour marcher auprès d’eux.

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