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14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 16:49

En attendant que l’infection guérisse, je continue les séances de kiné, pour préparer le moignon à recevoir la futur prothèse. Prothèse, qui d’ailleurs je ne sais pas encore à quoi elle ressemble. Les journées, n’en finissent pas, et j’ai de plus en plus hâte de quitter cette chambre.

La famille est venue me rendre visite, j’étais hyper contente, il y avait mes parents, jean-luc et martine. Nous avons passés une très bonne journée, tout le monde avait la « pêche ».  Pendant que Martine part chercher du café à la cafétéria, parce qu’il était bien sur hors de question que je sorte de la chambre, Jean-luc est resté avec moi. Nous avons bien parlés, bien rit aussi, un autre moment inoubliable.

Avec le recul, tous ceux qui m’on suivi dans cette terrible épreuve, ont eux aussi fait preuve de caractère. Jamais devant moi, ils n’ont montrés leur désarroi, leur peine, leur crainte aussi certainement. Au contraire, ils avaient toujours un mot gentil, ou bien des mots pour m’encourager dans la nouvelle épreuve qui était programmée. En tout cas je ne les ai jamais vu pleurer, ils ont toujours tout fait pour me faire avancer.

JE LEUR DOIS UN GRAND MERCI.

Comme toutes ces bonnes journées, elles passent trop vite, et l’heure de la séparation est toujours aussi difficile. Le bisou du au revoir,  et on se retourne deux à trois fois sur les deux mètres qui séparent mon lit de la porte, et tout à coup, plus personne. Le calme reprend possession de la chambre, comme si il n’avait jamais eu personne.

Je me retourne dans mon lit en essayant de ne pas sombrer dans de profond sanglots.

Le lendemain matin, Marion passe pour me faire les soins et en même temps pour me les expliquer. C’est ce que j’aimais chez elle, jamais rien sans explication.  Par la même occasion elle m’annonce une bonne nouvelle, on allait commencer à m’asseoir sur le fauteuil. Voilà une énorme avancée dans ma guérison. Par la suite pouvoir manger assise, me paraissait génial. De passer de la position coucher à assise, donnait quelques étourdissements, mais Marion, me dit que c’était normal, et que nous progresserions lentement. Quelques jours passent, et je m’enhardi un peu, un matin j’ai l’envie de me « lever » toute seule. Grosse bétise, il ne m’a pas fallu longtemps pour me retrouver par terre, étalé de tout mon long. Le souci de l’amputation, est que le cerveau fonctionne toujours comme si le membre était encore là.

Très vite Marion, est arrivée, m’a bien crié dessus, me prévenant que cela pouvait être très dangereux de faire seule ce genre de tentative.

Quelques semaines plus tard, les antibiotiques, les soins ont eu raison de l’infection, et pendant sa visite, le chirurgien me dit que je vais pouvoir partir pour le centre de rééducation. Voilà une autre bonne nouvelle, le bout du tunnel apparaissait il enfin ! Mais quelles nouvelles épreuves j’allais devoir affronter !

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4 juin 2012 1 04 /06 /juin /2012 10:47

En attendant la visite de l’infirmière, immobile sur mon lit, je regarde cette jambe qui me fait peur. Tout à coup c’est la mélancolie mélangée à  la tristesse qui m’envahie. Je me renvois, faisant de l’athlétisme avec ma sœur Patricia, j’aimais beaucoup cela, et maintenant ou en suis-je ?

On frappe à la porte et de suite l’infirmière entre, elle me surprend dans mes pensées, avec quelques larmes aux coins des yeux. Elle s’approche et me dit :

« Qu’est ce qu’il vous arrive , vous avez mal ? »

Je lui répond  qu’une fois de plus le moral me faisait défaut. Dans ce genre de moment on ne peut pas se permettre de regarder en arrière, sinon voilà ce qui arrive. On est obligé de se contenter de l’instant présent et des résultats qu’on obtient grâce à nos efforts. C’est tout à fait le genre d’attitude que  Patrick me demandait d’avoir. Les paroles de soutient, de compassion sont gentilles, mais il reste qu’en même une grande part de travail à faire pour surmonter toutes les difficultés, les souffrances, et ça, il me l’avait très bien fait comprendre.

L’infirmière, ajoute, aussi gentiment que possible, qu’il faut du temps, et que c’est en bonne voie, qu’il faut attendre la visite du chirurgien pour  être mieux fixé. Pour le moment, elle allait me faire le nettoyage de la jambe, m’amener le repas, et ensuite je pourrai me reposer. Elle ajoute que samedi, j’avais la visite de la famille, et de me voire sans plâtre ça devrait faire plaisir à tout le monde.

Elle commence donc les soins. J’essaye de penser à autre chose, quand tout à coup une violente douleur dans le tibia me secoue.

Sur le regard intergateur de l’infirmière, je lui dis :

« J’ai mal »

« Comment est la douleur, violente avec des lancements ? », me demande t-elle.

Je lui réponds oui de la tête. Elle paraît surprise par ma réponse, et quitte brusquement la chambre sans dire un mot.

Surprise, je reste quelques secondes un peu béat. En attendant, je soulève le drap, et ce que je vois ne me réjouis pas du tout. Il y a un écoulement au niveau de la greffe osseuse. De suite j’imagine encore une tonne de complication, associée bien sur aux douleurs qui vont avec.

L’infirmière réapparaît. Elle dit devoir faire un pansement, en attendant de voir avec le docteur dans la soirée. Ce sont des choses qui peuvent arrivées à la suite d’un plâtrage !!!

J’avais hâte de voir Marion, en qui j’avais une entière confiance, et de son coté elle ne me cachait rien. J’étais parfaitement tenu au courant de tout ce que je subissais. J’avais aussi peur que cette nouvelle complication, proche du week-end, m’empêche de recevoir la visite de ma famille. Le moral en prenait encore un petit coup.

Après plusieurs heures, le docteur passe, et le verdict tombe. J’avais attraper un staphylocoque, une infection qu’on attrape en milieu hospitalier. A nouveau le traitement classique, antibiotique, et pansement, et du coup le départ pour la rééducation à La Tour de Gassie est reporté.

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29 mai 2012 2 29 /05 /mai /2012 18:42

Le lendemain matin, après le petit déjeune, le brancardier vient me chercher pour m’emmener  en salle de plâtre.

J’étais ravie mais inquiète, depuis le temps que je portais ce plâtre ,j’avais un peut peur de ce que j’allais voir. C’était la jambe qui avait été greffée, donc le résultat risquait d’être surprenant

J’arrive dans la salle fatidique. On m’installe. On m’annonce le programme. Enlever le plâtre, passer des radios de contrôle, et ensuite on attend la visite du chirurgien qui décidera de la suite des événements. Comme d’habitude, j’écoute, et j’obéis, quoi faire d’autre, après tout on est entre leur main !

Ils commencent. Ils attaquent le plâtre .Le bruit de la scie me fait froid dans le dos. Je suis choquée par l’odeur de pourrie qui mont de ma jambe. Pendant ils travaillaient, des tas de questions tournaient dans ma tête, et entre autres, était ce bien utile toute cette peine pour essayer de sauver cette jambe qui ressemblait à une patte de cheval, maigre, vilaine et pleine de cicatrices d’un rouge vif.

Une fois le plâtre totalement enlevé, je tente un regard de curiosité vers ma jambe. Quand je vois l’état dans lequel elle est, je m’évanoui. Ce sont les tapotements et les appels de l’aide soignant qui me ramène à la réalité.

Ayant récupéré mes esprits, om m’emmène passer les radios. Ca, c’était pour moi la routine. Je crois qu’avec toutes les radios que j’ai passées depuis des mois, il y aurai de quoi faire un puzzle . Ce qui me stressait le plus, c’était d’entendre la conclusion. La peur de repartir pour des semaines encore, d’opérations, de guérison.

Le brancardier qui m’avait amené, me prévient qu’il me laisse, et qu’il reviendra me chercher un peu plus tard.

« Ok,  je ne vais pas allé bien loin toute seule » lui répondis-je en souriant.

Pendant qu’on me radiographiait la jambe, je repartais dans mes pensées.

Comment était ce possible de remarcher un jour, à voir dans l’état ou j’étais, ça me paraissait bien difficile à imaginer. Je réalisais qu’il y avait encore beaucoup de temps à passer dans le monde hospitalier, que ma sortie n’était pas encore pour demain, et que j’allais encore devoir me battre contre tant de douleur.

Ce moment d’inquiétude et d’interrogation passé, on me ramène dans ma chambre et on me réinstalle sur mon lit.

« L’infirmière va passer » me prévient on.

Mais Marion, n’étant pas de service, aujourd’hui, cela me dérangeais un peu, car je n’allais pas avoir mon compte rendu comme d’habitude.

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26 mai 2012 6 26 /05 /mai /2012 11:41

Comme je souffre un peu moins, j’ai demandé à maman qu’elle m’apporte de quoi faire du crochet, et un peu de lecture, histoire d’aider à passer le temps. Avec le temps, le crochet est devenu une passion, et grâce à cela les heures passaient plus vite. J’étais justement en train de faire du crochet, quand le téléphone se mit à sonner. C’était Claudine qui malgré la distance venait souvent prendre de mes nouvelles, et en même temps me faire passer un agréable moment de discussion. Ca me faisait toujours autant plaisir. Grâce à ces moments là, je pouvais m’évader un peu du monde hospitalier. Après un long moment de parlotte de tout et de rien elle raccroche, et le bruit des chariots dans le couloir me ramène vite à la réalité. C’est l’heure du repas. Le face à face avec le plateau repas est toujours un peu difficile, et c’est du bout des lèvres que je tente d’en avaler un peu.

Marion réapparaît, qui passe me dire au revoir, elle a terminée son service. J’en profite pour lui demander des nouvelles de mon ami. Elle me réponds qu’il est toujours là, mais que son départ pour la Tour de Gassie est prévu pour la fin de semaine. Cette nouvelle me fit fondre en larmes, je savais que son séjour allait bientôt se terminer, mais c’était pour lui la prochaine étape pour pouvoir remarcher un jour. Même si on ne c’était pas beaucoup vu pendant tout ce temps, de le savoir là à coté je me sentais un peu moins seule.

Quelques jours plus tard, le docteur et une infirmière viennent faire le point sur l’avancement de mon intervention qui depuis quelques temps était devenue moins douloureuse. Mais j’avais cette désagréable impression de ne pas avancer vers la guérison , la fin de ce calvaire. Du coup, le moral n’étais au plus haut, et je ne souhaitais qu’une chose, que tout cela s’arrête.

Le docteur décide que la rééducation devait commencer, elle se ferai au lit ! Sur cette décision ils quittent la chambre. Une fois de plus, je retombe brutalement seule, dans le silence de cette chambre, avec ses mots qui résonnent encore dans ma tête. Je ne compte plus toutes ces fois ou j’ai eu ressenti cette sensation.

Dès le lundi matin, un kiné entre dans la chambre, et commence à m’expliquer ce qu’il va faire pour préparer mon moignon à supporter le port d’une prothèse, car que cela n’allait pas se faire rapidement, étant donné que je ne pouvais toujours pas me tenir debout, à cause du plâtre à l’autre jambe. L’arriver dans le service me rassure, pensant que j’allais être tranquille !!! Marion rentre dans ma chambre regarde ma jambe et me dit ben voilà c’est fait !!! Maintenant il faut attendre que la greffe prenne nous allons te mettre a l’aise pour que tu ne souffre pas et surtout laisse ta jambe bien à plat sinon tu risques de faire des points d’appui au niveau de la cuisse. Après quelques semaines écoulées le greffon a pris, cela me rassure mais maintenant il faut attendre que l’on enlève le plâtre et ça va être plus long.

Après quelques semaines de kiné et d’immobilisation, je me demandais si j’aurai un jour la chance de pouvoir rentrer à la maison, ne serai ce que le temps d’un week-end. J’attendais justement l’arrivée du kiné pour lui poser la question. La réponse ne fut pas celle que j’espérais, un refus catégorique. Ma déception une fois de plus fut grande. J’étais cloîtrée dans cette chambre, je ne pouvais pas non plus me déplacer en fauteuil roulant. Je devais rester enfermée et laisser le temps passer. Même si c’était pour mon bien, pour ma santé, car se confinement, c’était surtout pour limiter le risque d’attraper des microbes qui aggraveraient mon cas. Dans ces moments là, les minutes paraissent des jours entiers. On se perd dans des pensées, plus ou moins saines, et puis on regarde à nouveau la montre, pour constater que les aiguilles ont à peine bougées. C’est une fois de plus le téléphone qui me tire des mes vagabondages d’esprit. C’était ma mère qui m’annonçait sa prochaine visite avec mon frère Jean Luc et sa femme Martine. Cela me relance le moral, du coup me voilà avec un petit objectif, attendre leur visite. Que deviennent les gens qui sont seules dans les hôpitaux, et qui doivent surmonter des moments difficiles comme les miens. Bien sur il y a le personnel hospitalier, et si beaucoup sont complaisants il ne peuvent pas être disponibles pour tout le monde.

Comme à son habitude, Marion fait son apparition dans la chambre. A chaque prise de service elle venait me saluer. Cette fois elle m’apportait une bonne nouvelle. Trois mois de plâtre, et il était question de me l’enlever. Mais j’étais entre soulagement, et méfiance, il fallait qu’en même attendre confirmation le lendemain, après la visite du chirurgien et du kiné. Malgré tout, je pensais qu’en même que j’étais en progression, et l’étape suivante était le départ en centre de rééducation.

Marion, avant de sortir de la chambre me dit d’une voie douce, et toujours dans le but de me laisser de l’espoir ;

« je te promets que tu remarcheras, mais cela va être long, et il va te falloir beaucoup de courage, une grande force de caractère, mais tu auras des moments difficiles et douloureux »

La routine quoi !

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23 mai 2012 3 23 /05 /mai /2012 08:12

Le bruit des chariots dans le couloir me ramène à la réalité, et je savais que Marion allait reprendre son service, une petite lumière d’espoir dans ce long tunnel sombre.

J’avais un sentiment bizarre, malgré la tristesse du départ de Claudine et Patrick, leur visite m’avait fait un bien tel, que j’étais dans un état d’esprit tranquille, léger, détendu. Ca faisait longtemps que je n’avais pas ressenti cela. Le soir venu, je regardais la télévision, avec Teddy, et je me laissais partir doucement dans un bon sommeil réparateur, comme on dit.

Dimanche matin, je viens de passer une très bonne nuit, et je me sens bien. Je repense à la journée d’hier avec Patrick et Claudine. On frappe à la porte, c’est le petit déjeuner. Noyée dans mes pensées, je bois mon café, et j’évite d’imaginer la suite de la journée, qui sera comme toutes les autres, c'est-à-dire, infernale, avec la série de soins et de toilettes.

Subitement je ressenti des douleurs très violentes au niveau de l’amputation, une sensation bizarre, on aurai dit que j’avais toujours mon pied qui me grattait, je ne comprenais plus, je savais bien que je n’avais plus de pied, mais mon cerveau lui m’envoyais un message qui disait le contraire. J’appelle l’infirmière, à son arrivée je lui explique mon doute. Elle me répond, que tout est normal, et que je vais avoir des douleurs pendant longtemps, c’est ce qui s’appelle des douleurs fantômes. Fantômes peut être, mais bizarre sûrement, et la douleur n’est pas fantômes, elle.

Elle m’explique le mécanisme. Lors d’une amputation, les commandes existent toujours au niveau du cerveau, et les douleurs sont à l’origine de la réaction du cerveau. Elle demandera au docteur de ma prescrire des médicaments pour faire disparaître ses douleurs. J’étais rassurée avec ses explications, mais il y a quand même un effet bizarre, lorsque ça gratte «  le pied «  et que vous grattez le drap !

Lundi soir c’est diète pour préparer à l’opération du lendemain, l’aide soignant me prévient qu’on viendra me chercher à 8h30. Peu à près, comme à la veille de chaque intervention, Marion, me rend visite, m’explique le déroulement, tente de me rassurer, et me dit que de toute façon elle sera présente à mon réveille.

Le lendemain, à 7h00 on vient me préparer, je me réveille à peine. L’odeur du café chaud pour le petit déjeuner, commençait à me chatouiller les narines. Toilette à la bétadine, petite chemise pour le bloc opératoire et le cachet pour détendre. Marion me donne ses derniers conseils afin d’avoir un réveil moins agité. Je n’ai pas le temps de trop m’inquiéter, que peu de temps après on vient me chercher. Question habituelle, mais un peu inutile, on me demande si je suis prête ! Je n’ai pas tellement le choix, et à moins de m’enfuir en courant, ce qui me serai bien difficile dans mon état, je ne puis être qu’à leur merci. Nous voilà partis dans ce dédale de couloirs infernal, ça n’en fini pas, le brancardier tente bien de me détendre en me parlant, mais cette fois je suis encore plus inquiète que d’habitude, et j’ai l’impression que mes poumons vont exploser. Enfin on arrive, on me transfert sur la table d’opération qui est toujours aussi froide. Me voilà entre les mains du chirurgien. Il me dit à tout à l’heure, et quelques seconde après je ne suis plus là.

Après quelques heures je reviens à moi, dans la salle de réveille, ou je suis toute seule. En un instant  avec le peu de lucidité que j’ai, je suis prise de panique, un tuyau se trouve devant ma bouche, et m’empêche de crier. Je me demande ce qu’il m’arrive. Une infirmière accoure et m’explique, que mon réveille était agité, et que je manquais d’oxygène. Maintenant que je suis réveillée, il devrait me l’enlever.

Peu après je ressens comme une certaine lourdeur à ma cuisse, je baisse les yeux en direction de celle-ci, et la je vois que toute ma jambe gauche est plâtrée, il restait juste une petite « fenêtre » sur le dessus pour pouvoir faire les soins de ma greffe osseuse. L’infirmière revient me voire, me propose un peu à boire, me « débranche », et prépare mon retour en chambre. J’étais assez contente de quitter ce lieu, et de me retrouver en chambre.

De retour dans le service je me rassure un peu, instinctivement, j’associe la chambre, à un répit sur la douleur. Voilà Marion qui entre dans la chambre, elle regarde ma jambe, et dit : «  Voilà c’est fait ! Maintenant il faut attendre que la greffe prenne, nous allons faire ce qu’il faut pour que tu ne souffres pas trop, mais surtout laisse bien ta jambe à plat, sinon tu risques des points d’appui au niveau de la cuisse ». Tout cela c’est dans mon intérêt, mais voilà bien encore une position contraignante à tenir.

Après quelques semaines, le greffon a pris, cela me rassure, mais il y a encore le plâtre à enlever, et ça c’est pas pour tout de suite.

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 10:02

L’émotion fut trop forte, pas besoin de me dire qui était là. Depuis le temps que j’attendais. Je ne pu retenir mes larmes. Voyant ma réaction, Marion rajouta ;

« non ne pleure pas, ta sœur et ton beau frère son là, ils attendent dans le couloir, je vais les chercher »

Elle quitte la chambre, mais pas sans m’avoir fait un dernier rappel, sur le fait que je devais manger mon déjeuner.

Le moment ou ils entrent dans ma chambre restera pour moi, un instant inoubliable, gravé à jamais dans ma mémoire. Ma sœur se jette sur moi, me prends dans ses bras, me serre très fort. J’en fais de même, et bien sur, nous vidons toutes les larmes de notre corps, ou en tout cas, une grosse partie. A cette époque, le beau frère était surnommé « l’ours » par ceux qui ne le connaissaient pas complètement, tellement il pouvait paraître distant avec les gens, je sais maintenant, que c’était pour lui un moyen de se protéger des autres, mais lorsqu’on perçait cette protection, on pouvait l’apprécier à sa juste valeur. Il se tendait donc un peu en retrait, et pour mettre fin à nos effusions avec ma sœur il dit ;

«  Bon vous allez pas pleurer toute la matinée ! »

Il se penche vers moi et m’embrasse.

Ils avaient roulés de nuit pour être là assez tôt, pour passer un maximum de temps avec moi. Je voyais bien la fatigue sur leurs visages, mais  ils eurent la délicatesse de ne rien laisser paraître. On discuta de choses et d’autres, de tout et de rien, avec toujours des mots pour me faire rire, et me faire oublier que j’étais sur un lit d’hôpital. J’étais très heureuse de les voire, et cela me faisait un bien fou.

La matinée passe agréablement on discute de tout et on rit surtout. Un pur moment de détente. L’heure du repas approche, Claudine, ma sœur, se propose d’aller  se chercher un repas de façon à manger tous les trois ensemble. Avec un sourire je lui signifie mon accord, mais tout en pensant que ça va être encore un moment difficile pour moi, car j’ai toujours autant de mal à manger normalement. En attendant, on m’apporte mon plateau repas. Un coup d’œil rapide, et déjà ça ne me paraît pas terrible, pas beaucoup d’envie à manger ce qui se présente devant moi. Je gagne du temps en attendant le retour de Claudine et Patrick mon beau frère.

Les voilà de retour, l’épreuve va commencer. De suite Patrick avec sa façon à lui, tout en douceur,  commence à m’inciter à manger. Dès la première cuillérée en bouche, je ne peux pas l’avaler, j’ai des hauts de cœur, c’est tellement fort que j’en ai les larmes qui montent aux yeux, et Claudine prévenante, toujours prête à aider, qui voit ma peine à avaler, sent bien qu’il risque d’y avoir des dégâts sous peu, me conseille de boire un verre d’eau et de laisser le repas. Patrick s’approche de moi, calmement, il me demande qu’est ce qu’il me ferai plaisir. Je ne sais pas quoi lui répondre, étant donné que je n’ai plus goût à rien, rien ne me faisait envie.

Claudine sort de la chambre, un instant après elle revient avec une coupe de salade de fruit. Claudine, c’est ma sœur aînée, et les aléas de la vie, ont fais que très tôt et très jeune, elle s’est retrouvée à faire face à des responsabilités d’adulte, donc il lui en faut un peu plus pour la déstabilisé. Elle était allée voire Marion pour lui demander cette salade de fruit. Avec Patrick ils essayent de me la faire manger.

La fraîcheur et le goût sucré me sont agréable et, cueillere après cueillere,  avec la motivation que me chuchote à l’oreille Patrick, toute la salade y passe. Je dois dire, que Patrick savait très bien s’y prendre pour trouver les mots, pour me motiver, ou bien pour me redonner du courage dans toutes circonstances. A la fin de ce petit repas, ils me proposent un café. A ce moment, d’être là avec eux deux, buvant un café était un instant simple, mais pour moi un grand moment de bonheur, et pour rien au monde je n’aurai voulu qu’il se termine. En leur compagnie, tout s’apaise, bien des choses me paraissent plus simple, ils m’aident,  m’encouragent à surmonter mes épreuves. Ils sont en osmose. Claudine, elle c’est l’action, je peux lui demander quelque chose ; un service, elle fera tout pour me le rendre, et si elle ne peut pas, elle s’arrangera pour trouver quelqu’un, même si elle n’est pas physiquement présente, quelqu’un pour me le rendre. Patrick, lui, c’est les mots, il sait dire les mots qu’il faut pour m’encourager, me réconforter. Sa différence ! C’est qu’il a sa façon de dire les choses, il sait m’encourager, sans que ça soit avec une pitié affichée. Il est sincère, mais direct aussi, il parle vrai, sans tourner autour du pot.

Depuis quelques temps déjà, j’avais envie de raconter mon histoire, mais je ne savais pas trop comment faire et comment m’y prendre, alors une fois de plus il y est allé de ses conseils. Aujourd’hui, je lui envois mon récit, il travaille dessus, trouve les mots qu’il faut pour décrire parfaitement mon ressenti de ces moments difficiles, et me renvoi le résultat pour que je le valide.

A cet instant, ils ne se rendent pas compte du bien qu’ils me font, sans rien attendre en retour, ils donnent, ils donnent.

C’est pour ça que je les aime.

Marion passe dans la chambre, elle vient me dire au revoir, son service est terminé. Elle me prévient que je ne la revois que le lendemain soir. Claudine en profite pour suivre Marion afin d’obtenir un peu plus de renseignements sur mes soins futurs et notamment sur l’intervention du mardi prochain. Pendant ce temps nous discutons avec Patrick, disons qu’il m’occupe plutôt l’esprit en me faisant parler.

Claudine revient, et me fait part du compte rendu de son entretien avec Marion.

Mardi matin, je vais être réopérée de ma jambe gauche, ils me feront un curetage et ensuite je serai replâtrée.

« Tu sais pourquoi, me demande t-elle ?

« Oui et non, que je lui réponds «

Elle m’explique que suite à l’infection que j’ai au tibia, la fracture c’est mal consolidée. Les médecins vont nettoyer, faire une greffe d’os et plâtrer pour que la jambe reste bien droite.

En l’écoutant parler, un désespoir immense me rempli, j’avais l’impression de tout reprendre à zéro. Alors les larmes se sont misent à couler à flot. Claudine  me prend dans ses bras et tente de me réconforter un peu. Bien qu’ils soient à des centaines de kilomètres de là, elle m’assure qu’ils seront là pour m’aider à faire face à cette nouvelle épreuve. Patrick, confirme, et dans son habitude, avar de mots inutiles, il ajoute simplement «  on est là, essuie tes larmes ». Ces quelques mots, très brefs, ne sont vraiment pas grand-chose, mais venant de sa part, ils ont toute leur importance, c’est pour lui une façon de s’engager, et je pourrai compter sur eux.

C’est l’heure du goûter, on me sert une compote et un café. Patrick attrape la compote et me la fais manger sans aucun soucis, ça passe tout seul, et puis il demande à Claudine, d’aller leur chercher un café, après tout il n’y avait pas de raison qu’ils ne m’accompagne pas ! Ca détend un peu l’atmosphère et on rigole.

Mais plus le temps passait, et plus je voyais le moment de leur départ approcher. Je ne le montrais pas, en tout cas, ils ne disaient rien, mais je redoutais cet instant tellement j’étais bien avec eux. Comme à chaque fois, on aimerait que ces instants ne s’arrête jamais. Mais hélas, le temps passe inexorablement, et le moment cruciale arrive. Vingt heure, leur de la séparation a sonnée, ils doivent repartir et reprendre le chemin du retour. De longues heures à passer sur la route. Une tendre étreinte avec chacun d’eux, les yeux mouillés de chacun, et ils quittent la chambre. Voilà un pur moment de bonheur qui se termine.

A ce moment,  sans eux, ma chambre me paraît être encore plus grande, je me sens toute petite, vulnérable, inquiète, bref je me sens seule, mais pour m’aider à combattre  cette instant désespoir, je garde au fond de moi l’espérance de pouvoir un jour marcher auprès d’eux.

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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 15:21

J’attends avec impatience le lendemain pour la visite de ma sœur et du beau frère. Les occasions de les voire étaient assez rare. Je compte le temps, encore une nuit à passer, peut être seront-ils là au petit déjeuner, avec moi pour une journée entière. Quand on passe son temps seule dans sa chambre, une visite est très appréciée.

Je recevais de la part de mon beau frère énormément de soutien moral. Il savait trouver les mots pour me donner du courage. Il me donnait du tonus avant chaque interventions chirurgicales, car malheureusement je n’en était pas encore à la dernière. Il était mon confident pour les moments de souffrance.

Il a occupé une place importante pendant cette dure épreuve.

On frappe à ma porte, c’était Marion qui revenait, pour voire ou j’en étais avec ma compote.  En voyant le pot vide elle s’écria «  super ! Tu as enfin mangée !  Pour ce soir je demande qu’on te prépare un repas mixé «  et pour continuer à me stimuler, elle ajoute » n’oublie pas que ta sœur vient demain, il faut que tu sois au top !

-         Et puis demain matin nous allons t’emmener prendre une douche.

Je lui réponds,

-         je veux bien, mais je n’ose plus bouger de mon lit de peur de trop souffrir.

-         Ne t’inquiète pas, on te donnera des calmants qui te permettront de bouger sans souffrir.

Sur ce, elle quitte la chambre. Je prends mon Teddy dans mes bras, je le blotti très fort contre moi. Je me retourne, et j’essaie de me concentrer sur des pensées qui me donneront l’envie de me battre encore, et encore.

Des bruit de chariot dans le couloir, c’est l’heure du repas. On me dépose mon plateau. Une assiette remplie d’une espèce de purée, sans couleur, sans odeur, tout est mixé et ce n’est pas très appétissant. Je me stimule un peu pour manger, car sinon demain je serai « branchée » avec la perfusion, et rien que dit penser, ça ne me disait pas plus que ça.

La première cuillère dans ma bouche, j’ai du mal à avaler, alors j’aide en buvant un verre d’eau, ce que je faisais déjà quand j’étais môme et que je n’aimais pas ce qu’il y avait dans mon assiette. Bien entendu je ne termine pas mon repas, mais je pense avoir fait un effort, et je verrai bien si j’aurai faim demain.

Le téléphone sonna, c’était ma sœur qui me confirmait son arrivée le lendemain samedi. J’étais super contente, je n’avais plus qu’une nuit à passer avant sa visite. La joie m’envahie, la gorge me serre. Elle m’encourage, et en raccrochant elle me souhaite une bonne nuit. Je prends Teddy, le serre contre moi, et je m’endort.

Comme dans tous les hôpitaux, on reconnaît l’heure du petit déjeuner, ou du repas, avec les bruits caractéristiques de la distribution. Les portes qui s’ouvrent, le chariot à plateaux qui fait un bruit particulier, les «  bonjour », « bon appétit », et puis les odeurs. Le matin surtout, moi c’est l’odeur du bon café qui m’éveille.

Ce week-end, Marion était de garde, elle frappe et entre dans ma chambre. De suite elle me dit «  prête pour la douche ! » Je lui fais signe oui de la tête, mais avec une certaine stupeur, que Marion devine tout de suite. Elle me rassure et va cherchez sa collègue. Elles reviennent avec un brancard, car il fallait ça pour me transporter et m’emmener à l’autre bout du service. Malgré l’angoisse cela me faisait du bien de quitter ma chambre pour quelques minutes. Ont arrivent dans la salle de bain, la jambe dans une protection étanche, elles me glissent dans l’eau et commencent la toilette. Marion me demanda comment je me sentais. Tout allait très bien. Elle dit ;

«  Aujourd’hui, c’est une journée spéciale, pour toi, il faut que tu sois bien, on va te laver les cheveux et te coiffer »

La toilette terminée, elles me ramènent à ma chambre, me remettent au lit, en position allongée, car ma jambe gauche devait rester à plat. Et l’attente va commencer. Je ne savais pas à qu’elle heure ils devaient arriver. J’étais impatiente de les voire. Alors pour tenter de faire passer le temps plus vite, je regarde la télé ou il y avait des dessins animés, en serrant Teddy dans mes bras. Je regardais sans voire en fait, mon esprit était ailleurs.

Me sortant des mes pensées, Marion entre dans la chambre, et me dit

« tu ne sais pas !  Je t’amène de la visite « 

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14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 10:13

Après une bonne nuit, sans souci, j’ai la visite des médecins accompagnés des infirmières. Tout un panel pour moi toute seule. Ils sont au courant de mon combat avec le plateau repas, et ils savent qui a gagné. Mais ils n’en parlent pas tout de suite. Ils regardent mes pansements. Enfin, ils m’informent, que pour les repas, ils vont me donner des produits mixés qui vont aider à me redonner le goût de manger tout doucement.

Que l’intervention est prévue pour mardi, qu’il faut changer mes pansements en surveillant l’infection, avec une  peu d’antibiotiques. Voilà ! La dessus, bonne journée, et ils sortent. Et moi comme tout patient, cloué sur son lit, à la merci des médecins, je les écoute sans dire  un mot.

Quelques instants plus tard, les infirmières entrent dans ma chambre pour me faire la toilette et les soins, je savais que ça allait être un moment de souffrance.

Après les soins, hormis la douleur que je ressentais chaque fois, mes journées se déroulaient normalement, je me recroquevillais au fond de mon lit pour essayer d’atténuer mes souffrances. Les heures et les journées étaient très longues. J’attendais avec impatience une visite, histoire de voire quelqu’un. Autre chose qu’une personne avec une blouse blanche, quelqu’un qui me parle d’autre chose que de soins, et d’opération. Je cherchais aussi comment occuper mes journées. Mais que voulez vous faire, quand il ne vous reste qu’une jambe et demie, que vous êtes cloué sur votre lit ? Alors le choix n’est pas immense ! Vais-je aujourd’hui regarder la télé, ou bien lire ? Voilà le tour de la question est fait. C’était les seules choses que je pouvais faire. Mais cette fois là je n’ai pas eu à prendre de décision. On frappe à ma porte. Je tourne le regard vers elle, une fraction de seconde, en espérant voire une autre personne, qu’un personnel soignant.

Surprise ! Là dans l’encadrement de la porte, je vois devant moi, mon ami ( le conducteur ) assis dans un fauteuil roulant, poussé par un aide soignant. Nos regards se croisent, cela faisait trois mois, depuis l’accident, qu’on ne c’était pas revu. Comme des adolescents, nous étions heureux de se revoir. Il s’avance doucement vers moi, il s’approche, et tout bas comme un enfant qui demande pardon après avoir fait une bêtise, se sentant responsable, il me dit son regret de m’avoir emmené avec lui ce jour là.

D’une voix tremblante, chargée d’émotion, j’essaye de le consoler, le réconforter, et l’encourager pour l’avenir qui nous attendait. Il nous restait encore beaucoup d’efforts à faire, énormément de courage à avoir pour remarcher un jour.

On s’étreint très fort dans les bras l’un de l’autre, les larmes coulent sur nos joues. On savait que notre avenir ensemble venait d’être compromit par cet accident, car nous allions chacun de notre coté êtes pris en charge par le monde hospitalier qui n’avait qu’un but nous aider à nous remettre « sur pied », et cela laissait peu de place aux amours.  Après ce petit instant de tendresse, il m’informa qu’il allait bientôt quitter l’hôpital, il était transférer à La tour de Gassie, centre de rééducation de Bordeaux. Tout en sachant que pour moi le chemin sera encore long, j’étais contente pour lui. Et qui sait si je guérissais assez vite, peut être aurions nous la chance de se retrouver la bas.

La dessus l’aide soignant décide de le ramener dans sa chambre, tout en me promettant une autre visite plus tard.

Une fois de plus je devais prendre sur moi pour supporter une nouvelle séparation.

Dans une chambre d’hôpital, vous pouvez rester des heures sans voir personne, ou alors c’est un aller et venu permanent. A peine à t-il quitter la chambre que voilà Marion qui apparaît. J’étais contente de la voire. Elle prenait son service, et venait voir si j’avais pu manger un peu. Oui, j’avais essayé, mais j’avais mal au ventre. C’était normal, il fallait que je reprenne l’habitude.

Elle sort un cours instant et reviens avec une compote de pomme. Elle me demande d’essayer de manger. Elle reste près de moi. Pour m’encourager, elle me rappelle la visite attendue de ma sœur de Paris et du beau frère. Si je réussi à avaler la compote, je pourrai manger avec eux le lendemain. Elle ouvre le pot, me met une cuillérée dans la bouche, comme on fait pour les bébés. Une bonne sensation de frais envahie ma bouche, et comme je n’avais pas à mastiquer, se n’était pas écoeurant. Elle m’encouragea à finir le pot toute seule, allume la télé, et me quitte pour allez voire les autres patients.

Je termine ma compote sans mal, aucune nausée.

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12 mai 2012 6 12 /05 /mai /2012 18:48

Cela faisait une bonne quarantaine d’anesthésies générale que je subissais, et les soins étaient bénéfiques, j’étais sur le chemin de la guérison, le calvaire allait peut être prendre fin. Hélas,  les docteurs avaient découvert une infection au niveau du tibia, et il fallait réopérer pour faire une greffe osseuse. Mais il y avait un problème, un de plus. Il fallait me prendre un morceau d’os au niveau de la hanche pour ensuite le placer au tibia. C’était urgent d’intervenir pour sauver le tibia qu’il me restait, car déjà l’infection c’était transformé en ostéite et je risquais une autre amputation.

Le chirurgien avait prit la décision de me réopérer le début de la semaine prochaine, voilà pourquoi il voulait parler avec maman.

A l’énoncé de tout ce qui allait encore m’arriver, j’eu envie de mourir, je n’en pouvais plus. Je trouvais toute cette souffrance injuste. Pourquoi cette brave femme avait elle prise tant de risques pour me sauver de cette carcasse en feu. N’aurait il pas été mieux de m’y laisser périr ?

Bien sur je n’ai rien dit à maman, pour elle et le reste de la famille, c’était dur aussi pour eux de me voire ainsi, ils faisaient de leur mieux pour me le cacher, et me tenir le moral au plus haut et pour me réconforter.

Mais moi, du haut de mes dix huit ans, j’étais le plus souvent seule, à faire face à toutes ces inquiétudes, ces interrogations, ces souffrances.

L’heure du départ de maman approchait, et c’était pour elle, et pour tous ceux de la famille qui me rendaient visite, un moment très difficile, une vrai épreuve pour chacun. Eux, cachaient la peine qu’ils avaient de me voire ainsi, et moi, de les voire partir et de me savoir seule  face aux médecins et infirmières. Avant de partir, maman m’embrasse et me dit qu’elle revient dans deux jours avec papa. Je lui fais un signe de la tête, et lui demande de passer le bonjour au reste de la famille.

Après le départ de maman, me voilà à nouveau seule. En fait un peu moins qu’auparavant, car cela fait maintenant plusieurs semaines, voire des mois que je suis ici, et bien des soignants me connaissent. On s’appelle par le prénom, c’est presque devenu une seconde famille. Une famille d’adoption !

Marion, l’infirmière. Bien sur ce n’est pas le vrai prénom, mais pour ce récit je l’appellerai Marion, et pour respecter son anonymat. Marion entre dans la chambre. S’assoit au bord de mon lit, et me réconforte un peu. Elle était une personne agréable, douce et gentille avec les patients, elle savait redonner un peu de moral devant toutes ces épreuves.

Elle me dit que la décision de me réopérer avait été prise. Elle dit aussi que ma grande sœur de Paris avait appeler pour prévenir qu’ils seraient de passage le samedi suivant. Alors pour me donner du courage, elle me prépare à ma  prochaine étape, qui était de m’enlever la sonde gastrique qui jusqu’à cet instant servait à m’alimenter, que j’allais devoir essayer de prendre mes repas toute seule, bien sur ça serai bien pour ma famille de voire ce progrès ! Elle savait y faire ! Il était important que j’arrive à manger, sinon, elle remettait la sonde en place.

Depuis le temps, bien que mon estomac avait considérablement rétréci, je fis la promesse que j’allai essayer, sachant que ça allait être très dur. Sur cette promesse Marion quitte la chambre.

Peu après on m’apporte le repas. Rien que l’odeur de cuisine qui se répand dans ma chambre me soulève l’estomac. L’épreuve va être très difficile. Je n’ai pas faim ! Il pose le plateau repas sur la table roulante, et ressort.

Me voilà seule face à mon plateau. Comme deux boxeurs qui se jaugent avant le combat. Qui de nous deux va gagner ? Pour le moment c’est le plateau qui mène le jeu. La devant moi, immobile, il semble me narguer. Et moi plus je le regarde, plus j’ai du dégoût, je ne me sent pas bien du tout, du bout des doigts, je repousse la table, et j’attends.

Au bout de quelques minutes, prenant mon courage, je tente de prendre une bouchée de viande. Immédiatement, une grosse envie de rendre me prend. Je saisis la poire d’appel pour demander de l’aide, mais presque en même temps, me voilà baignant dans mon renvoi, il y en a partout. Une toute petite bouchée, et tant de dégâts, c’est impensable. Du coup, on décide de me laisser tranquille pour ce soir, on réessayera demain. On va chercher de l’aide,  me nettoie, change les draps, la totale quoi ! Et moi toute désolé, honteuse du désordre que je viens de créer. Je leur demande la raison. On me répond, que j’ai perdu l’habitude de m’alimenter et que mon estomac fonctionne en mode réduit. L’habitude va revenir, mais il faut un peu de temps.

La dessus, on m’allume la télévision en me souhaitant bonne nuit, et quitte la chambre.

Seule dans ma chambre, toujours cette lumière rouge, je prends mon compagnon du moment, mon nounours Teddy, celui qui ma accompagné dans toutes les épreuves passées, et qui me réconforte pour celle à venir encore. Je le prends dans mes bras, en lui proposant de lui relire le courrier de mon beau frère. Quelques lettres déjà, que j’avais reçues depuis mon hospitalisation. Elles étaient pour moi d’un grand réconfort, elles me donnaient une impression de liberté, quand je les lisaient je pouvais m’évader, et j’oubliais pendant un moment l’endroit ou j’étais. Ces simples morceaux de papier m’ont beaucoup aidé dans ces épreuves. Il me tardait d’être à samedi pour les voire. Ils avaient que peu d’occasion de se libérer. Tout doucement la fatigue s’empare de moi, et je sombre dans un bon sommeil réparateur.

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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 16:04

A nouveau seule dans ma chambre, le seul endroit de répit, de calme précaire, sortir de cette chambre était devenu pour moi synonyme de souffrances à venir. Je me retourne, et me mets à pleurer. La souffrance est une chose, mais devoir affronter tant d’épreuves seule, et à dix huit ans à peine, c’était trop dur.

Avant de sortir l’infirmière me conseille de me reposer.  Cela faisait déjà plusieurs mois que j’étais dans ce lit que je ne pouvais quitter, je ne pouvais qu’essayer de m’y reposer, entre deux soins, atroces et épuisants.

Cette nuit passée fut assez bonne, elle m’avait redonnée quelques forces physiques et morales, et je savais qu’aujourd’hui il n’y avait pas d’intervention chirurgicale, uniquement des soins. J’avais donc l’esprit tranquille. C’est avec un grand plaisir que j’ai vu arriver mon petit déjeuner avec un bon café, qui m’a fait un grand bien. C’était aussi un jour de visite de ma famille,  j’allais pouvoir passer un bon moment avec eux, en n’étant pas cette fois, à moitié endormie par les tranquillisants. Perdue dans mes pensées, je sursaute tout d’un coup, le téléphone de ma chambre s’est mit à sonner. C’était ma sœur aînée qui habitait sur Paris, qui comme chaque matin, venait prendre un peu de mes nouvelles et passer un petit moment avec moi.  Elle était restée sur Paris pour raisons professionnelles, car quatre ans auparavant elle c’était marier. Elle me fit part qu’ils envisageaient de descendre sur Bordeaux pour me rendre visite. Cela me fit chaud au cœur. Ils se tenaient informés de mon état de santé, et quand je ne pouvais pas leur répondre, ma sœur s’adressait directement au service dont je dépendais. Mon beau frère, très proche dans cette période difficile, m’envoyait régulièrement du courrier, ce qui était pour moi, à la fois un grand réconfort moral et un formidable moment de détente.

On frappe à ma porte,  comme par réflexe, je regarde l’heure.

Je sus que c’était ma mère qui allait entrée, elle arrivait par le train de dix heures, et elle devait repartir au train de dix huit heures. Elle passait un jour sur deux.

J’étais heureuse de la voire, et malgré  la fatigue qui se lisait sur son visage, elle ne se plaignait jamais, mais je savais qu’intérieurement elle souffrait de me voire ainsi. Ce jour là, j’étais bien, je ne souffrais pas et je pouvais profiter pleinement de sa visite. On parlait, on riait parfois. Ces quelques rares instants me faisaient un immense bien moralement. Malgré tout, je ne pouvais pas totalement ôter l’idée de mon esprit que la dure réalité allait vite me rattraper.

L’arrivée de l’infirmière dans ma chambre mi fin à ce court instant de bonheur et décontraction. Le docteur voulant lui parler, elle demanda à ma mère de bien vouloir la suivre.

Avant de quitter la chambre, ma mère déposant un bisou sur la joue, me glissa quelques mots, en me disant qu’elle allait revenir.

Déjà je retombais dans l’inquiétude, et  l’instant de bonheur d’avant me semblait déjà loin, je n’eu pas la force de lui répondre, je me contentai de lui faire un léger sourire, mais un sourire qui voulait en dire tant.

J’étais perdue dans mes pensées, quand je téléphone sonna. C’était ma sœur aînée, celle qui vivait à Paris. Comme souvent elle venait prendre de mes nouvelles, et en même temps m’annoncer une nouvelle. Ils allaient descendre en fin de semaine pour me rendre visite. J’étais contente, un instant mon moral était remonté. J’en profitais pour lui dire que le docteur avait voulu voire maman, et que je ne savais encore pourquoi, j’avais peur.

Comme d’habitude, avec ses mots, des mots choisis, elle su me réconforter. Elle trouva tout de suite  la raison de cette entrevue. Certainement pour faire un point santé ! Très vite elle détourna la conversation pour me parler de leur visite le samedi qui suivait, qu’ils passeraient la journée avec moi. Je voulais déjà être à

samedi.

A peine je raccroche le téléphone, que maman revient, et elle me fait part de sa discussion avec le docteur.

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